Gérard Bernard

libéré le 21 Octobre 2002

Gérard BERNARD a été arrêté le 9 novembre 1999 et est resté en détention "provisoire" jusqu’au 21 octobre 2002. Il est poursuivi pour son rôle marginal supposé dans le vol d’explosifs de Plevin. Il est soumis à un contrôle judiciaire très strict, qui lui interdit notamment de quitter le territoire de la commune de Lorient. Il est le premier prisonnier politique breton à avoir attaqué la France devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme ; Gaël Roblin a depuis marché sur ses traces. Gérard Bernard souffre d’une grave pathologie de la thyroïde ; pendant ses trois ans d’incarcération, il n’a pu bénéficier ni des soins, ni des examens nécessités par son état.

Refus de réexpédition du courrier: La Poste dans l'illégalité - (CARB - 22/11/02)

Assedic de Lorient : scandaleux comportement envers Gérard Bernard - (CARB - 07/11/02)

Etrange Noël pour un fils de militant breton !
Témoignage d'une jeune Nantaise.

" Départ de Nantes le 25 décembre au soir en voiture, direction Lorient, à 160 kilomètres de là (soit150 frs de carburant). C'est le trajet qu'il me faut parcourir pour rejoindre Fragan, petit garçon de 7 ans, que j'emmène jusqu'à une Maison d'arrêt pour Hommes de la région parisienne voir son papa détenu de façon "provisoire" et "préventive" depuis le 13 novembre 1999 (sans même qu'aucune date de procès n'ait encore été fixé!).

De Lorient, nous reprenons tous deux le train de 21h26 en direction de Nantes (le trajet Lorient/Paris n'existe pas à cette heure, il faut passer obligatoirement par Rennes ou Nantes). Arrivée à la gare de Nantes: 23h15. Déjà fatigués du voyage, nous nous empressons de nous coucher car notre train  part le lendemain matin à 5h pour Paris où nous arriverons à 7h20 (total des trajets Lorient/Nantes + Nantes/Paris = 306 frs).

Notre parloir étant à 8h45 et sachant que le trajet à effectuer prend environ 1h15 dans les transports en commun, nous prenons donc un taxi (soit 256 frs la course). Arrivée à la prison 8h30: Un quart d'heure après, c'est l'appel ! Après bien évidemment une série de contrôles d'identité, après aussi nous être débarrassés de toutes affaires personnelles et avoir retiré nos laissers-passer aux guichets, on nous fait asseoir dans une salle d'attente. Vers 9h30 donc, nous avons enfin pu voir Gérard !

Notre retour en Bretagne se déroula plus tranquillement,nous n'avions plus l'angoisse d'être retardés (car un retard, si petit soit-il, vous ferme  automatiquement l'accès à la prison). Retour donc jusqu'à la Gare Montparnasse en RER et métro (plus long que le taxi, 30 frs), puis direction Nantes et enfin Lorient (total trajet 4h10 et 286 frs). Je n'avais plus qu'à ramener Fragan et à retourner à Nantes après avoir récupéré ma voiture (là encore 150 frs de carburant).

Bilan des courses : 14h de trajet et 1172 frs ! Et tout ça pour seulement 30 minutes de parloir ! (en effet, Gérard s'était vu refuser sa demande de parloir prolongé faite en temps et en heure auprès du juge, et qui doit normalement être accordée pour les enfants de détenus à l'occasion de Noël).

Céline B. (décembre 2001)

PS 1 : Gérard est détenu depuis novembre 1999 en région parisienne pour les besoins de l'instruction concernant le vol d'explosifs de Plévin, cependant il n'est interrogé par les juges instructeurs qu'environ tous les huit mois !

PS 2 : Doit-on rappeler qu'au regard de la loi française il est toujours présumé innocent ?

Déclaration faite le 20/11/2001 devant la 2ème Chambre d’Instruction de Paris.

Je suis encore une fois devant cette cour. Eh oui 2 ans que je suis en détention, deux longues années durant lesquelles il ne c’est rien passé ou presque. Je sais par avance quelle sera votre décision et encore une fois le texte de votre arrêt sera identique au précédent. Que dit cet arrêt ? Hormis le rappel des faits eux mêmes. Les véritables raisons se mon maintient en détention est motivé par le fait « que mon engagement revendiqué et la nature des faits ainsi que la peine encouru est l’unique moyen et ce malgré la longueur de la détention préventive ». J’y vois là moi, au moins deux points litigieux à savoir que ma détention est motivée par le fait que j’ai un engagement politique et cela en violation des déclarations des droits de l’Homme et du citoyen ensuite je suis déjà jugé coupable et la peine qui me sera infligé sera supérieure à ma détention déjà effectuée. Cette fois c’est la présomption d’innocence qui est bafouer en toute légalité.

Dans le paragraphe suivant on peut lire « d’éviter une concertation frauduleuse entre (…) dont pour certains d’entre eux il tait le nom ». Cette fois la détention provisoire est utilisée comme moyen de pression, il est clairement sous entendu que si je donne des noms, ma libération pourra être envisagée. Ceci étant dit il reste un point épineux qui est celui de ma représentation en justice, ce qui est vrai pour mon camarade remis en liberté depuis 1 an ne l’est pas pour moi pourtant cette personne a reconnu dans plusieurs PV d’audition être celui qui m’a demandé le prêt des appartements. Il est vrai également que je n’ai pas fait de déclaration à la presse, ni dans aucun média. Après la restitution de plus de 100kg d’explosif revendiqué par l’ARB. Je dis depuis 1 an que ces explosifs proviennent du stock que vous m’accusez de détenir. Ce qui prouve que je n’ai aucune maîtrise ou main mise sur ces explosifs.

Tout cela me semble pas vous choquer pas plus que cela ne vous choque que je n’ai pas vu mon juge d’instruction depuis 7 mois. Il me semble pourtant que notre incarcération à Paris avait pour raison principale que nous soyons près de notre juge d’instruction. Je me pose donc cette question et je vous la pose par la même occasion à quoi sert ma déportation ? Encore une chose et j’en aurais fini dans sa dernière ordonnance de rejet de remise en liberté, le juge de la liberté et de la détention justifie son refus par une phrase que je vous livre in texto : « Que son comportement pour faire sortir frauduleusement de la maison d’arrêt des documents relatifs à sa détention en atteste également », deux questions me viennent à l’esprit d’abord. Est-il illégal de démontrer que ma détention repose sur des faits sujets à caution ? Dans lequel cas j’en suis sûr, les mesures utiles auraient été prises par les magistrats compétents. Ensuite, est-ce le fait de prouver que ces attendus prêtent à caution qui gêne le magistrat ? Comment après tout cela pourrais je avoir confiance en la justice d’un pays qui a pour devise « LIBERTE EGALITE FRATERNITE ». La liberté vous me l’avez prise, l’égalité dans ce pays c’est une utopie, quand à la fraternité je vous fait grâce de ce que j’en pense.

Je vous remercie de votre attention.

Lu à Paris le 20/11/01

G. BERNARD