Libre, être ou ne pas être!?


Voici sur ces quelques pages ma vie, si je puis dire, chez les Iliens de France. Depuis ma sortie d’une des basses fosses de la république française vers une pseudo liberté, je goûte aux joies de l’indigence, des laissés pour compte, dont leur pain quotidien est attente et patience à l’instar de ce que l’on ressent entre autre en prison. Ces pages sont destinées à ceux qui s’interrogent sur ma situation, qui ont du mal à comprendre, à saisir, les difficultés auxquelles je dois faire face. La liberté ne se résume pas à être sorti des murs car une certaine réalité peut être citée prison.

Dès ma libération toute relative, le 22 du mois de décembre 2004, puisque étant en exil, je pris contact avec mon futur employeur. Au bout d’une quinzaine de jours, le 10 du mois de janvier 2005, je prenais donc mon poste à la FNAC de Parly II, à proximité de Versailles. Avant et après mon entrée en fonction à la FNAC, et depuis ma sortie, Skoazell Vreizh m’a aidé financièrement, avant que je puisse prétendre à mon premier salaire. Sans cela je ne sais pas comment j’aurai fait pour subsister. Et pour moi il étais hors de question que je sois au crochet des personnes qui m’hébergeaient.
Il faut savoir qu’en plus de mon temps de travail, j’avais deux heures de trajet le matin et autant le soir en transports urbains - marche, plus bus, métro, RER, bus et vis versa. Ce qui n’a pas été sans conséquence sur ma santé, plus précisément aux jambes, déjà fragilisée par les bons soins prodigués à la Maison d’Arrêt de la Santé, qui brillèrent par leur quasi-inexistence.

Ainsi donc, au bout de deux mois d’activité professionnelle, le 3 du mois de mars 2005, j’étais pour la première fois en arrêt de travail : « tendinite et inflammation des ligaments croisés du genou droit ». Après quelques jours de repos et une reprise très difficile, due aux longues marches, en transports et à mon poste de magasinier, je me retrouvais une nouvelle fois en arrêt de travail, et ce pour de longs mois. A partir de ce moment, de ce nouvel arrêt, j’entreprenais une vingtaine de séances de kinésithérapie, à Vitry sur Seine, Val de Marne (94) et différents examens dans les Hauts de Seine (92) et en Essonne (91) : radiographies, scintigraphies, etc... Il en résulte une pathologie de type arthrosique aiguë dégénérative aux deux genoux, en plus de mes problèmes de rotules. La décision avec un professeur de l’hôpital Ambroise Paré (92) pour une hospitalisation en vue d’une opération était donc prise pour la date du 11 du mois de juillet 2005. Parallèlement à cela j’avais commencé des soins dentaires avec un premier dentiste et ce jusqu’à l’opération chirurgicale.

Pendant un peu plus de ces quatre premiers mois, ne pouvant plus travailler, j’étais donc indemnisé par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) pour un montant un peu supérieur au revenu minimum d’insertion (RMI). Mais lors de mon hospitalisation en juillet, et pour cause, je n’ai pu prendre connaissance que ce même organisme avait cessé tout paiement des indemnités journalières. Effectivement la Caisse Primaire Assurance Maladie attendait de recevoir un autre formulaire à faire remplir par l’employeur, et comme ce dernier, j’ignorai son existence et encore moins sa nécessité, afin de réexaminer mes droits d’indemnisation au-delà du sixième mois. En outre, il faut savoir que mes anciens logeurs étant partis en vacances de mi-juillet à mi-août, je ne pouvais pas donc rester seul à Vitry (94) le temps de mon alitement puisque étant dans l’impossibilité de faire le moindre achat alimentaire ou autre chose. Ainsi, j’étais hébergé chez une personne, à Palaiseau, qui me prêta son appartement pour l’occasion, car là, j’avais la possibilité d’appeler quelqu’un en cas de problème. Et c’est pendant cette période d’alitement en août que j’ai eu connaissance de cette cessation de payement en appelant ma banque. Il me fallut après ma sortie de l’hôpital, après plus de trois semaines sans pouvoir me mouvoir, et sans me déplacer, faire le nécessaire pour obtenir ce fameux formulaire auprès de la Caisse d’Assurance Maladie du Val de Marne. Je ne vous narre pas ce que peut être l’obtention d’un simple papier auprès d’un des organismes administratifs publiques via le téléphone et lettres. Les corollaires de ceci ont été des chèques mis en attente d’être payés, une mise en demeure de créditer mon compte, avant la possibilité d’en émettre d’autres, prémices d’une mise en interdiction bancaire, et bien sur de nombreux frais à payer. Je fus donc obligé de faire appel à des ami(e) s et à Skoazell Vreizh pour que l’on m’aide financièrement afin que je puisse payer le kinésithérapeute et les infirmier(e)s pour les multiples soins infirmiers, à domicile, et tous les autres frais, etc.… résultant de la cessation de paiement des indemnités journalières. Depuis cet événement et jusqu’à ce jour, ma situation n’a fait qu’empirer, … je n’ai pas réussi à être créditeur de manière permanente, comme précédemment.

Toujours en ce mois d’août 2005, bien qu’ayant fourni le formulaire pour le réexamen de mes droits au-delà du sixième mois, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie me redemandait de lui en refournir un autre. Celui que j’avais obtenu, difficilement, puis envoyé à la FNAC, ensuite récupéré et retourné, était semble-t-il, perdu dans les méandres administratifs de cet organisme publique.
Et si les premiers temps après mon alitement, j’avais quelques difficultés à conduire du fait de mon impossibilité de fléchir au-delà de trente degrés ma jambe gauche, …heureusement que j’avais le véhicule, que m’a donné Aude et Cédric MORIN, pour obtenir à nouveau ce fameux formulaire, l’apporter à la FNAC et ensuite le rapporter à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie. Cela nécessita encore plusieurs jours. Et oui cet organisme public ne joint pas ce fameux formulaire dans ses courriers de réclamation ! Toutefois après avoir manifesté mon mécontentement, pour ne pas dire autrement, j’obtenais la poursuite des versements des indemnités journalières et ce jusqu’au 3 du mois de septembre seulement, date de l’échéance des six premiers mois d’indemnisation, étant donné que mon dossier était toujours à l’étude, ..parait-il !

Dés que je fus domicilié chez Michel BOSSARD et Gaell BREHANT, il m‘importa de ne pas leur imposer ma présence. Je fis tout pour. En effet, il était hors de question pour moi d’empiéter sur leur vie privée. Ainsi, toujours en ce mois d’août, parce que la personne, qui m’avait prêté son appartement à Palaiseau, rentrait des ses vacances d’été, je retournais à Vitry sur Seine. Et c’est à ce moment là que mes logeurs m’ont demandé à quel moment je pensais partir et ce, pour des raisons personnelles qui leurs sont propres mais en aucun cas pour une discorde entre nous.
Comme je ne suis pas homme à m’incruster chez les gens, dans les jours qui ont suivi, je quittais définitivement le domicile de Michel et de Gaell. Néanmoins, Je tiens à préciser que je les revois régulièrement pour mon courrier, puisque administrativement mon adresse est toujours chez eux.

Auparavant, j’avais adressé un certain nombre de courriers à l’intention d’une dizaine d’organismes de gestion de logements sociaux, seulement je ne pouvais donner suite à leurs missives de constitution de dossier par manque de justification de ressources. Mes bulletins de salaire de la FNAC ne me servent absolument à rien ; vu que j’étais en maladie, donc sans salaire et ce jusqu’au 15 du mois d’octobre de cette année et qu’en outre je n’avais toujours pas en ma possession la notification de décision de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Val de Marne. Au début du mois de septembre, je n’ai pas pu d’avantage répondre à une proposition pour un petit appartement consécutif à l’aide de Aude MORIN, qui joua de ses relations, parce que même si les indemnités versées par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie étaient faibles elles auraient été suffisantes pour que je puisse prétendre à ce logement.

Parallèlement à tout ceci, je poursuivais mes soins de kinésithérapie, prenais des rendez-vous de contrôle auprès de l’hôpital Ambroise Paré et auprès du centre de radiographie à Palaiseau tout en ayant un suivi de mon médecin traitant, et continuais mes démarches administratives, qui étaient éparpillées sur trois départements, et localement éloignées.

Je puis dire avoir été telle une balle de ping-pong face à tout organisme ou structure administrative, et encore actuellement, surtout pour obtenir des réponses, des conseils, des orientations, et autres... d‘un point de vue social. Est-ce la même chose au pays ? … Ici, chez les îliens de France, les multiples assistantes sociales sont sectorisées dans tous les sens du terme. Lorsque enfin je réussissais à en avoir un(e) au bout du fil - ce n’est pas la peine de se déplacer d’emblée car ils(elles) ne reçoivent que sur rendez-vous - et qu’il (elle) daignait répondre aussitôt à mes attentes, mes interrogations, au lieu de me faire déplacer pour un rendez-vous - lequel la plupart du temps ne servait à rien - ce, cette, dernier(e) ne pouvait me répondre, ni m’aider de quelques façons que ce soit, pour telle ou telle demande ou interrogation ou sur quelle démarche à suivre, parce que ceci ou cela n’était pas de ses compétences ou alors j’étais hors secteur ou bien finalement hors cadre - je n’entre pas dans les cases de critères no.

Finalement, fin septembre, quasiment quatre semaines plus tard, j’obtenais la notification de décision m’informant que mon temps d’activité salariale ne me permettait pas de prétendre à des indemnités journalières au-delà des six mois. Et c’est pendant cette période que je rencontrais une assistante sociale de la sécurité sociale qui a été pour moi une aide précieuse. L’exception confirmant la règle ! Elle m’aidait dans différentes démarches, dans lesquelles j’étais noyé, même si pour l’instant je suis en attente de réponses ou ai eu des fins de non recevoir. Avec son aide je constituais un dossier COTOREP (une demande de réexamen de mon statut de travailleur adulte handicapé, une demande de formation de reconversion professionnelle, une demande d’allocation adulte handicapé et une demande de carte d’invalidité) pour lequel je n’aurai pas de réponses avant plusieurs mois. Elle faisait aussi une demande d’aide extra légale qui a donné lieu à une vingtaine de tickets d’alimentation au mois d’octobre - chose que je n’ai pas voulu renouveler, question de dignité, l’impression de mendier - et elle m’assistait dans la constitution et à la remise d’un dossier CMU. Aussi au début du mois d’octobre, je sollicitais une aide auprès de Skoazell Vreizh et auprès d’un ami, car financièrement je ne pouvais plus subvenir à mes besoins ni poursuivre toutes les démarches encore nombreuses restantes.

En outre, afin de débloquer la situation dans laquelle je me trouvais, et qui pour l’instant n’est pas encore éclaircie à cause des lenteurs administratives et des temps légaux d’attente de tel ou tel papier - j’étais en maladie, sans ressources et sans pour autant prétendre à certaines aides puisque étant toujours à contrat à durée indéterminée et dans l’impossibilité de reprendre mon poste pour raison de santé - sur les conseils de cette assistante sociale, je demandais donc à l’interne du service de chirurgie orthopédique du Pr. Hardy ; qui me suit toujours actuellement ; si je pouvais reprendre une activité professionnelle. Celui-ci m’établissait donc un certificat de reprise de travail avec cependant l’interdiction, pour l’instant, de tout effort physique… Par la suite toujours sur le conseil de cette assistante, je prenais rendez-vous auprès de la médecine du travail. Pour savoir de quelle médecine du travail dépend la FNAC de Parly II, ce fut un vrai parcours du combattant. Au vue du certificat médical, fourni par l’hôpital, m‘interdisant tout effort physique, la directrice des ressources humaines ne savait pas quoi faire de moi et voulait au préalable se renseigner avant de me fournir les coordonnées du centre duquel la FNAC dépend. Cela a pris plus de dix jours avant d’obtenir mon premier rendez-vous avec la médecine du travail, ce qui ne m’arrangeait pas dans mes démarches.

Finalement après l’obtention des coordonnées de la médecine du travail dans les Yvelines (78), du rendez-vous, et après consultation, j’apportais un certificat de pré-reprise, à la directrice des ressources humaines de la FNAC, lequel suggère de ne pas reprendre mon poste de magasinier, et que la marche et la station debout est fortement déconseillées et que seul un poste assis me conviendrait. De plus, je devançais la prise de rendez-vous pour le 17 octobre qui fut confirmée par la FNAC pour la première visite de reprise puisque l’échéance de mon arrêt de travail était le 15 de ce même mois. Ainsi, j’obtenais un certificat médical m’interdisant toute manutention, marche et station debout prolongée, à la vue des radios et scintigraphies, et demandant que me soit trouvé un poste aménagé. Certificat que je déposais à la FNAC. La directrice des ressources humaines me faisait remarquer que la FNAC ParlyII ne disposait pas d’un tel poste pour moi. Le 31 octobre, après le délai légal pour une proposition de poste aménagé par mon employeur, chose qui n‘a pas été faite, j’avais ma deuxième visite de reprise à la médecine du travail qui me faisait cette fois-ci un certificat d’inaptitude à mon poste. Et donc de fait, depuis le 31 octobre je ne fais plus partie de la FNAC Parly II sans être pour autant licencié.

Début de la deuxième semaine du mois de novembre, après plusieurs tentatives pour entrer en contact avec la directrice des ressources humaines, puisque celle-ci était en vacances, d‘après ce que j’ai pu comprendre, face à mes inquiétudes de ne pas avoir eu de ses nouvelles plus rapidement pour donner suite au dépôt de mon certificat d’inaptitude, celle-ci me répondit qu’elle n’avait pas eu le temps de s’occuper de mon cas, et pour cause, qu’en outre qu’il lui faudrait au moins la fin du mois de novembre pour faire le nécessaire et ainsi espérer obtenir ma lettre de licenciement et l’attestation destinée aux ASSEDIC. Elle ajoutait qu’elle se rapprocherait de moi pour la suite à donner. Le jeudi suivant, le 10 de ce même mois, la directrice des ressources humaines de la FNAC, vers 7 heures du soir, m’appelait pour me donner rendez-vous, le 14 du mois de novembre, et ce afin de donner suite à l’inaptitude à mon emploi, pour la procédure de licenciement.

Le temps de toutes ces démarches j’établissais un dossier, Commission Technique d’Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP) un dossier Complément mutuel Universel (CMU), obtenais tous les papiers nécessaires à la constitution de ces dossiers et les déposais pour l’un à Créteil et pour l’autre à Vitry sur Seine. Il y a peu, j’ai reçu un courrier de la Commission Technique d’Orientation et Reclassement Professionnel m’informant que mon dossier était enregistré à leur secrétariat, cependant qu’il me faudra encore attendre plusieurs mois avant d‘avoir des réponses, quelles qu‘elles soient. J’ai eu une réponse favorable pour ma demande de Complément Mutuel Universel vers la mi-novembre, ce qui me permet de ne plus débourser un centime pour mes multiples soins médicaux.
Le 14 du mois de novembre, j’étais en rendez-vous avec la directrice des ressources humaines, à la FNAC, dans les Yvelines (78). Cette dernière me faisait signer quatre documents, et ce à ses dires, afin de faire accélérer le mouvement de la procédure de licenciement, et me remettait deux courriers en main propre et en gardant les doubles. L’une de ces lettres était datée du 8 du mois de novembre 2005 et la seconde datée de ce jour. Dans cette seconde lettre, il est indiqué entre autre un second rendez- vous pour la date du 22 du mois de novembre, pour lequel il n’était pas nécessaire de me rendre, aux dires de la directrice des ressources humaines, affirmant que ce n’était qu’une formalité. Je suivais donc ce qu’elle m’avais dit. Je désirais que les choses avancent afin de me sortir de cet imbroglio juridico-socio-salarial, cependant je n’aurais pas du faire confiance à cette directrice des ressources humaines.

Encore en ce début du mois de novembre, je tentais d’obtenir un rendez vous en vue de la constitution d’un dossier de revenu minimum d’insertion (RMI), tout en sachant qu’il faut être au minimum trois mois sans revenu. Seulement, je devais me rendre jusqu’à la mairie de Vitry sur Seine, au service CCAS, pour retirer la liste des documents à fournir - celle-ci ne peut être énumérée par téléphone - afin d’obtenir un rendez-vous. Et celui-ci s’obtient par téléphone et uniquement après avoir eu la liste des documents à fournir. Pourquoi faire simple alors qu’ils peuvent faire compliqué. Finalement, j’avais un rendez-vous pour le 24 de ce mois. Il ne faut pas être pris par le temps, ici, car il y a une liste d’attente et ce pour chaque chose. Lors de ce rendez-vous finalement inutile on m’informait de l’inutilité de faire une demande de Revenu Minimum d’Insertion du fait que j’étais en passe d’être licencié et tant que je ne connaissais pas le sort qui me sera fait par les ASSEDIC. En outre, ayant été indemnisé le 1, 2 et 3 du mois de septembre il m’aurait fallut attendre, le 4 du mois de décembre pour que ma demande puisse être étudiée. En ce qui concerne les ASSEDIC, je doute fortement pouvoir prétendre à une quelconque allocation avec un temps de travail n’excédant pas deux mois.

Toujours en ce début de ce mois de novembre, sur proposition de l’agent du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), je prenais un rendez-vous et l’obtenais à la mi-novembre auprès d’un centre d’hébergement à Arcueil (92) destiné plus précisément à des personnes ayant des problèmes de santé. J’étais reçu par une jeune femme et répondais à une kyrielle de questions tout en lui narrant grosso modo ce que j’ai écrit ci dessus. A ce jour, je n’ai toujours pas reçu de réponse par courrier. Mais lors de cet entretien, mon interlocutrice me faisait remarquer qu’au vue de l’abondance des démarches déjà effectuées et du fait de, même squatter à gauche ou à droite, une nuit ou deux d’affilée, chez des camarades ou ami(e)s, bien que géographiquement éloignés, met en évidence une mobilité certaine. Or ce centre d’hébergement ne donne priorité qu’aux personnes à mobilité restreinte, au-delà de leurs problèmes de santé. Ainsi, pour être sûr d’espérer une place dans ce centre d’hébergement, j’aurai dû m’abstenir de faire toutes démarches, d’avoir personne ne pouvant m’héberger et de ne pas avoir de véhicule. Elle m’avisait que si toutefois ma candidature était retenue qu’il me faudrait néanmoins confirmer ma demande toutes les trois semaines, et qu’en outre il faudrait attendre plusieurs mois.

Jusqu’à présent je m’étais concentré sur les problèmes de mes genoux et dentaires, et de me sortir de l’imbroglio administratif et juridico social, laissant de coté la grosseur qui était qualifiée, par les différents médecins de le Maison d’Arrêt de la Santé, de masse graisseuse, de lipome, etc., ou tout simplement une grosseur qui ne voulait par dire son nom. Dernièrement, suite à des gènes de plus en plus présentes au flanc gauche, par ordonnance de mon médecin traitant, j’effectuais une échographie puis un scanner, à l’hôpital de Longjumeau, dont le diagnostique est une éventration, une hernie conséquente. Encore un héritage des bons soins de la bastille «la Santé ». J’ai donc sollicité un entretien avec le chef de service de chirurgie viscérale, dans ce même hôpital, pour le 12 du mois de décembre 2005. Il est fort probable que je sois obligé de me faire opérer.

A toutes ces démarches entreprises, je recevais le 10 du mois de décembre une réponse, demandée il y a un mois, d’un organisme, l’EPSR, proche de la Commission d’Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP), qui existe pour faire des évaluations et aider par la suite dans la recherche d’emplois ou de formation, en vue d’un reclassement. Je sollicitais téléphoniquement, puis par missive, et ai obtenu un rendez-vous à la date du 16 du mois de décembre 2005, et ce, afin de préparer mon avenir professionnel.

Je veux aussi et surtout attirer l’attention sur le fait que depuis ma soi-disant libération j’ai moins vu mes deux princesses que lorsque j’étais entre quatre murs. Cela a aussi ses corollaires ! Même si j’ai passé deux formidables moments avec mes enfants, sentiments réciproques j‘en suis sûr, dans les quatre premiers mois suivant ma sortie, la distance étant, les rapports se sont fragilisés au fil des mois malgré mes appels réguliers, plusieurs fois par semaine. Ainsi, au début du mois de juin, en plein procès, je n’avais plus aucun contact suite à plusieurs difficiles appels téléphoniques. Je n’ai plus eu au téléphone ma fille aînée âgée depuis peu de 17 ans et je ne sais plus quoi et comment faire pour relier les liens. Tous les jours j’appelle ma seconde fille, la cadette, par téléphone, mais je crains de la perdre elle aussi à cause de l’exil qu’ils m’imposent, et ce jusqu’en fin 2007.
J’ai fait plusieurs tentatives afin de renouer le dialogue mais jusqu’à présent elles ont été vaines et l’éloignement ne fait qu’accroître la lourdeur du silence et les difficultés de rapprochement. J’en ai bien sûr fait part à l’agent de probation qui, au mois d’août, faisait une demande d’autorisation pour quelques week-ends, ou au moins un, afin de voir mes enfants en Ille-et-Vilaine et essayer ainsi de résoudre les problèmes, les tourments, les maux, qui me séparent de ma fille aînée. Certes à ce jour je n’ai pas eu de refus mais toujours aucune réponse non plus. L’agent de probation a parfaitement conscience que ces difficultés relationnelles avec ma fille aînée ne pourront trouver une solution qu’en me rendant où mes enfants habitent, où alors chez leur arrière Mamm-gozh, qu’elles n’ont pas revu depuis plusieurs années, et chez qui j’ai un logement indépendant, où je peux accueillir ma fille aînée ainsi que sa petite sœur. La situation dans laquelle je me trouve est que je ne peux ni les accueillir convenablement et sereinement, ni faire face au frais de leur transport. C ’est pour cela, lors d’un entretien mensuel, au début du mois d’octobre, à ma grande surprise, l’agent de probation me suggéra au vue de tous les efforts et démarches que j’avais entrepris depuis ma sortie, les difficultés de maintenir des liens avec ma fille cadette, la rupture avec ma fille aînée et la situation très précaire, c’est un euphémisme, dans laquelle je me trouve, ce qui pour elle solutionnerait un bon nombre de soucis, c’était de faire dans son prochain rapport une demande pour pouvoir retourner de manière définitive en Ille-et-Vilaine, uniquement, là où réside toute ma famille. Là où j’ai un logement qui m’attend, chez ma Mamm-gozh. Là encore, je suis dans l’attente d’une réponse. Dernièrement à la mi-novembre, lors d’un énième entretien - durant lequel je donnais mon accord pour effectuer sur trois jours, dans les locaux du service pénitentiaire d’insertion et de probation, une évaluation pour la recherche d’emplois ou de formations - elle me fit part, après avoir discuté avec sa supérieure hiérarchique de ma situation précaire sociale, pécuniaire, des innombrables démarches et épreuves par lesquelles je suis passé et qui pour certaines perdurent, qu’une demande officielle allait être adressée, le jour même, de lever l’interdiction totale du territoire de Bretagne et ce définitivement, et demande co-signée par sa supérieure hiérarchique. J’avais espoir d’avoir une réponse comme me l’avait laissé entendre l’agent de probation avant le 5 de ce mois de décembre. A ce jour, le 8 de ce mois de décembre je n’ai toujours pas reçu de réponse. Et je doute d’en avoir une positive si, et seulement si, la magistrate de l’application des peines daigne répondre. Lors des trois jours de cette évaluation professionnelle, l’agent de probation m’a fait savoir quelle n’arrivait pas à entrer en contact directement avec la juge d’application des peines, comme de coutume. Celle-ci est obligée de passer par le greffe de cette magistrat qui ne donne pas plus de réponse. L’agent de probation ma fait savoir quelle et ses collègues auraient une réunion, qui fait partie de celles qui sont mensuelles ou bimensuelles, tout du moins régulières, et que lors de celle-ci, elle poserait la question, celle essentielle, mentionner dans son rapport, de vive voie, afin d’avoir réponse aussitôt, voir au plus tard mardi prochaine, le 13 de ce mois de décembre 2005.

Depuis un couple de mois par le truchement de mon avocat, maître Yann CHOUCQ, suite aux différents événements, dont je fais part dans cette missive, donnant lieu à plusieurs entrevues, nous nous sommes mis d’accord d’attendre d’avoir en main tous les documents relatifs à ma situation afin de déposer une demande officielle de modification des contraintes et restrictions de ma conditionnelle. Puisque les conditions de cette liberté conditionnelle ne sont plus réunies et pour beaucoup inhérentes à mes problèmes de santé, à cause du non suivi médical, à la maison d’Arrêt de la Santé. J’ai finalement à ce jours réussi à obtenir la quasi-totalité de ces document. Il ne me reste plus que la notification de décision des ASSEDIC que je n’aurait pas avant la fin de ce mois de décembre, voir courant du mois de janvier. A moins que cela puisse se faire sans.

Malgré la multitude de démarches depuis des mois auprès des innombrables services sociaux et administratifs, la constitution de kyrielles de dossiers, de demandes d’aides diverses, de logement, de formation, de ressources financières, etc., etc. J’en suis toujours au même stade et il n’y aura certainement pas d’éclaircissement avant longtemps.
Je squatte chez les uns chez les autres sans horizon à court ou moyen terme. Sans la possession d’un véhicule qui est ma maison principale, où les trois quarts de mes effets personnels sont stockés, vêtements et tous mes papiers professionnels, sociaux et civils, etc., je ne sais pas comment j’aurais fait surtout les premiers mois de ma pré- convalescence et de convalescence, et comment je ferai encore actuellement.
Depuis plusieurs mois j’attends toujours que la juge d’application des peines daigne répondre à plusieurs demandes. A croire qu’elle prend un malin plaisir à maintenir un statu quo, voire que je sombre ou peut-être que je face ce qu‘elle appellerait un faux pas ( ?)
Les liens familiaux se fragilisent et/ou sont rompus sans que je puisse y remédier.
Sans ressources, alors que la moindre démarche ou déplacement pour squatter chez un tel ou un tel, occasionne des frais.
Pour qui la question se poserai encore la question, effectivement, j’ai besoin de soutien, et quelque soit la forme !

Entre autre, je tiens à souligner ceci suit à ce que j‘ai pu avoir vent : Je suis un homme de principe, et donc par principe pour couper court à celles ou ceux qui s’estimeraient avoir droit, de manière concrète, à une reconnaissance «ad vitam æternam », comme j’ai pu en avoir échos. Je veux qu’ils sachent que pour moi le soutien aux prisonniers politiques bretons, quelque soit la forme d’emprisonnement, et à leur famille, est un devoir pour qui notre pays, notre langue, notre culture, notre devenir, a son importance…Et en aucun cas une course à avoir sons nom gravé sur le menhir du champ Dolent… J’ai en horreur le narcissisme, je lui préfère et de beaucoup, l’humilité. Pour les médailles, s’adresser à l’État français friand de ce genre de liturgie.

Ceci dit…, par cette présente, je tiens «à remercier solennellement » les personnes camarades d’Emgann, et autre, et ami(e)s qui m’ont hébergé et qui m’hébergent, occasionnellement, actuellement… Sans qui, je serais où ? .Je tiens à «remercier tout aussi solennellement » toute l’équipe de Skoazell Vreizh, ainsi que tout les donateur(trice)s, qui m’ont beaucoup aidé moralement, financièrement, les premiers mois de ma sortie et occasionnellement… Sans qui je me serais retrouvé dans une situation très critique beaucoup plus rapidement. Je tiens tout autant à remercier solennellement tous les militant(e)s de la CARB pour leur soutien et leurs aides ponctuelles. Je veux aussi saluer et remercier Ti ar Vretoned e Pariz pour leur accueil, dans laquelle je fais parti de l’équipe de bénévole, qui a pris en charge les frais de stage de breton intensif de Roudour il y a peu, et dont mon professeur de breton fait parti de Skoazell Vreizh.

Pour faire simple à toutes les personnes qui m’ont soutenu et me soutiennent encore, tout au long de ces long mois, depuis de début de mon embastillement.


An deiz e vo sklaer an amzer evit hor bro !!!…
Paskig laizé,

En harlu e tu enezidi eus Bro-c’hall
(Exilé chez les Iliens de France,)
Toullbac’het e-barzh an toullbac’h hep mogerioù
(prisonnier d‘une prison sans murs)