Dans Ekaitza, 07 juillet 2005


Ekaitza - 07 Juillet 2005

Procès de Plévin
Des condamnations vengeresses

Le verdict a été rendu très rapidement par la Cour d’assises spéciale chargée de juger l’affaire dite de Plévin. Pour un procès qui a duré plus de quatre semaines, avec d’importantes irrégularités commises par la police, il est bien curieux qu’un délibéré dure aussi peu de temps. Pour que personne ne s’en étonne, le président du tribunal avait demandé une certaine diligence en raison de l’Etat de santé de certains juges. Mais à ce point…

Il ne peut, bien sûr, y avoir qu’une seule explication à une telle célérité : le délibéré était inutile. La ligne directe existant entre les ministères de l’Intérieur et de la Justice d’une part et les magistrats de l’autre semble être ouverte en permanence. En sens unique, évidemment. Ce n’est pas le tribunal spécial de Paris, et ses juges à la santé déficiente, qui ont condamné militants basques et bretons, mais l’Etat.

Des peines disproportionnées

Les militants basques ont été condamnés à des peines allant de 15 à 20 ans de réclusion assorties d’une interdiction de séjour définitive sur le territoire français : Asier Oiarzbal Txapartegi (20 ans), Argi Perurena Pascual (18 ans), Jon Bienzobas Arretxe (18 ans), Benito Martinez Bergara (16 ans) et Francisco Segurola Mayoz (15 ans).
Les militants bretons ont été condamnés à des peines de 2 à 7 ans de prison, avec, pour certains confusion des peines : Denez Riou (7 ans), Gérard Bernard (6 ans), Kristian Gorgeault (6 ans avec confusion de peines), Charlie Grall (6 ans), Paskal Laizé, Stefan Philippe Arno Vannier et Alain Solé (4 ans avec confusion de peines) Bertrand Grimault (2 ans), Richard Le Faucheux a été acquitté.

Justice d’exception

Lors du procès, les gendarmes demandaient les pièces d’identité aux personnes venant assister aux débats, y compris aux avocats. Lorsque les avocats bretons ont demandé au président que la liste relevée par les gendarmes lui soit transmise, les gendarmes ont remis des morceaux de papiers déchirés. A partir de là, tout n’a été, dans ce procès, que constat d’une justice d’exception, face à une cour où il vaut mieux s’appeler Dutroux qu’Etcheverria ou Trouadec.
L’énormité des condamnations parle d’elle même, et quand on parle de processus de résolution du conflit, on peut nourrir les plus vives inquiétudes.