Maintien en détention de Gaël Roblin

    

 Le vendredi 3 mai , contre l’avis du procureur de la quatorzième section du parquet de Paris (anti terroriste), le juge des libertés et de la détention a pris la décision de prolonger la détention de Gaël Roblin. Celui – ci était arrivé à deux ans de détention provisoire , durée symbolique . En France la règle est que quand le détenu est susceptible d’être jugé par un tribunal correctionnel, on ne dépasse pas ce temps de détention provisoire , alors que quand la qualification des faits peut l’amener à comparaître devant une cour d’assise, la détention provisoire, peut être de quatre ans . Les instances européennes en la matière conseillent, elles ,un an pour les délits et deux pour les affaires criminelles.

Cette décision très politique intervient l’avant veille du deuxième tour des élections présidentielles en France, deux candidats restant en lices : un de droite , l’autre de d’extrême droite populiste, sacré choix !

Sans aucun doute le thème « tout sécuritaire » de cette campagne électorale a joué en faveur du maintien en détention de Gaël Roblin ex - porte parole, très médiatique ,du mouvement indépendantiste EMGANN .

En effet comment pouvait t-on penser qu’à cette date sensible un juge prendrait le risque de libérer un militant indépendantiste breton ? Qu’aurait entraîné la médiatisation de cette libération ?

Le matraquage médiatique observé depuis plus de deux ans dans les affaires bretonnes, n’a jamais laissé aucune chance au droit à la présomption d’innocence.

Le maintien en détention de Gaël Roblin a été davantage dicté par son comportement, son attitude , son engagement politique, plus que par des faits .

La qualification des faits ( crimes, délits ) qui a divisé les avis du juge d’instruction et du parquet en est la démonstration et la preuve . Après deux ans de détention provisoire Gaël Roblin reste donc en prison pour ses opinions politiques . N’en déplaise à Mme Lebranchu ancienne Garde des Sceaux , Gaël Roblin est un prisonnier politique , aujourd’hui de plus il est objectivement un prisonnier d’opinion.

Les avocats de Gaël Roblin ont décidé aussitôt de faire appel de cette décision . Sur le résultat de cet appel il ne faut pas se faire d’illusion . Certes depuis le trois mai la situation politique a quelque peu changé, l’équipe Chirac et le parti socialiste ne peuvent plus dramatiser le débat politique par la possible arrivée de l’extrême droite à la Présidence de la République , mais les enjeux électoraux sont tellement importants pour ce qui est de la nouvelle législature qu’il ne faut s’attendre à aucune décision de justice courageuse avant que ne soit élue la nouvelle assemblée nationale .Ce qui vaut pour Gaël Roblin l’est aussi pour Arnaud Vannier qui aura toujours été interpellé avec un tee-shirt « independentia » et qui veut toujours vivre avec « la fille de Christian Georgeault », et pour Gérard Bernard et Alain Solé tous les deux malades et mal soignés . Ce qu’on leur reproche plus que des faits ,ce sont leurs convictions , leur attitude de « militant politique » .Ce que l’on veut , c’est les casser psychologiquement, eux, leurs camarades de détention et leurs familles .La clef de leur libération ce n’est pas le Droit ,ce sont les juges. Ces juges sont des femmes ou des hommes qui doivent prendre des décisions de justice à l’encontre de personnes détenues pour des motifs politiques ,même si les prisonniers politiques n’existent pas en France ..Décisions qui sont prises compte tenu et en fonction de pressions diverses : convictions politiques personnelles , poids de la hiérarchie judiciaire, contexte politique ambiant , peur des réactions médiatiques, plan de carrière .ect . Je ne suis pas certain que la majorité des raisons invoquées pour maintenir nos camarades en détention soient inscrites dans le code de procédure pénale, dans les textes sur l’application du Droit Commun en France et pourtant la France est un Etat de Droit . Quand ce genre de pratique ( maintien en détention pour faute de comportement et d’attitude politique) , se passe ou se passait dans des pays loin de chez nous, en France pays des Droits l’ Homme on a toujours appelé cela du totalitarisme , le totalitarisme est l’ennemi de la démocratie .

 

Michel Herjean

le 11 mai 2002