Attentat de Quevert, abandon de la piste bretonne ?

    

    Le 29 janvier dernier le juge Gilbert Theil en charge de deux dossiers relatifs aux militants Bretons emprisonnés à décider de les joindre : le premier regroupe les affaires des Mac Donald de Pornic et de Quevert, et l'attentat manqué contre la poste de Rennes, le second concerne différents attentats commis en Bretagne et en France depuis l'année 1993. A ce jour, seul le juge et ses supérieurs hiérarchiques connaissent les véritables raisons de cette jonction. Nous aussi nous voulons savoir ce que cache cette décision.

    La conséquence immédiate à ce stade de l'instruction, est qu' il ne peut plus y avoir que deux procès .L'un pour le vol d'explosif de Plevin, dossier ou l'instruction semble au point mort puisque la juge en charge de cette affaire ne convoque plus les Bretons depuis de nombreux mois de sa propre initiative mais attends patiemment que les avocats demandent des actes ( auditions, confrontations). L'autre dossier est sans doute plus complexe puisqu'il regroupe maintenant tout les attentats attribués à tord ou à raison à l'A R B, commis en Bretagne et en France depuis 1993. C'est une sorte de dossier fourre-tout puisque maintenant on y retrouve aussi Quevert, Pornic et la poste de Rennes.

    La raison la plus évidente pour que le juge Thiel ait joint ces dossiers est qu'il n'existe pas objectivement d'éléments suffisants dans la seule affaire de Quevert pour renvoyer qui que ce soit devant une cour d'assise, même d'exception. Restaient dans ce dossier deux autres attentats manqués (la poste de Rennes, Pornic) qui soulèvent beaucoup d'énigmes. L'enquête a mis en évidence bon nombre de dysfonctionnements et d'incohérences, tant du coté de la gendarmerie, des autorités judiciaires que des responsables du Mac Donald de Pornic . Beaucoup d'analyses et d'expertises techniques ont étés effectués depuis maintenant plus de vingt mois pour ces affaires, et là aussi vraisemblablement peu ou pas de résultats probants. Reste l'intime et apparente conviction d'un juge et surtout de sa hiérarchie qui depuis le début ont orienté les investigations dans une seule direction, celle des indépendantistes et séparatistes bretons, celle qui arrange le pouvoir politique français. La désignation des responsables et des moyens qu'ils auraient employés a été annoncée si rapidement avant que toute analyse n'ait eu le temps d'être faite, à la seule fin évidente d'une exploitation médiatique instantanée, prouve s'il en ait besoin qu'il y a eut manipulation. Sans flagrant délit, sans indices irréfutables immédiats personne n'avait pas le droit d'affirmer ce qui à été dit après ce drame. Personne n'avait la possibilité ni le droit d'affirmer ce qui a été dit par Mme Stoller, procureur de la quatorzième chambre du parquet de Paris, sans aucun respect pour la vérité. Après de telles allégations comment la vérité pourrait elle être recherchée sereinement ensuite ? Cela veut dire que l'on nous ment depuis le début de cette affaire.

    Avec la jonction de ces deux dossiers, l'instruction va sans doute s'accélérer d'autant plus qu'en Bretagne de plus en plus de gens se mettent à douter des versions évoquées au moment des faits. L'instruction va s'accélérer du fait que certaines instances internationales alertées sur cette situation commencent à se manifester pour que les normes judiciaires européennes en vigueur soient respectées -sur la longueur excessive des détentions provisoire et surtout parce qu'il y a une volonté incontestable de faire durer l'instruction en longueur -.

    Conséquence plus gênante pour leur soutien et leur défense lors d'un futur procès, l'ombre de Quevert planera sur l'ensemble des mis en examen qui n'ont rien à voir dans cette affaire, une nouvelle étape est franchie dans la manipulation et dans les atteintes au Droit .

Dans un Etat de Droit chaque justiciable est censé avoir droit à un procès équitable, ce ne sera pas le cas en l'occurrence.

 

Michel Herjean

le 7 février 2002