"Aujourd'hui, danser, chanter et parler breton ça vous met à la merci éventuellement de la justice, ça devient très inquiétant"
Bretons libérés: "un désaveu total du parquet" (avocats)
BREST, 8 nov (AFP) - Les avocats de Jean-Pierre Ellien et Bernard Le Gac,
deux des trois Bretons mis en examen samedi à Paris dans le cadre d'une enquête
sur l'IRA-Véritable, ont affirmé que la mise en liberté de leurs clients
constituait "un désaveu total du parquet".
"C'est un désaveu total pour le parquet. Lorsqu'on met en garde à vue des
personnes pendant 4 jours et qu'à l'issue de cette garde à vue les personnes
ressortent libres (..) il s'agit d'un désaveu", a insisté Me Ronan Appéré,
avocat de M. Le Gac, lors d'une conférence de presse à Brest.
MM. Ellien, 60 ans, Le Gac, 57 ans, et Pierre-Yves Perennes, 20 ans, ont été
interpellés dans le cadre d'une enquête sur un réseau de soutien présumé à l'IRA-véritable
avant d'être mis en examen par le juge antiterroriste Gilbert Thiel pour
"appartenance à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise
terroriste".
Le parquet de Paris avait requis un placement en détention pour les deux
premiers, mais le juge n'a pas suivi ses réquisitions.
"Le dossier n'est pas solide, les charges ne reposent sur rien", a déclaré Me
Vincent Omez. M. Ellien n'avait eu, a-t-il ajouté, "aucun contact avec quiconque
qui puisse justifier l'étalage d'accusations auquel s'est livré le parquet dans
la presse ces derniers temps".
"Nous aurions pu refuser leur mise en examen et simplement accepter le statut de
témoin assisté", a poursuivi Me Appéré.
Les deux avocats ont ramené les relations des Bretons avec des Irlandais aux
liens socio-culturels "traditionnels" liant les deux peuples, dans une allusion
implicite au jumelage des villes de Guingamp (Côtes-d'Armor) et Shannon
(Irlande).
"Il est tout a fait possible à chacun d'entre nous de se rendre en Irlande pour
des voyages culturels ou linguistiques et d'avoir des contacts avec des
personnes qui considèrent que l'Irlande Unie est l'avenir. Cette idée ne doit
pas être répréhensible", a ajouté Me Appéré, reprochant au parquet de ne pas
avoir "pris la dimension de l'affaire sur le plan international et européen".
"Les embryons de poursuite reposent sur des liens socio-culturels entre
l'Irlande et la Bretagne, des liens traditionnels, constants dans les relations
festives, culturelles, musicales. C'est toute la communauté bretonne et
irlandaise qui est interpellée par cette affaire", a conclu Me Appéré.
"Aujourd'hui, danser, chanter et parler breton ça vous
met à la merci éventuellement de la justice, ça devient très inquiétant", a
conclu Me Omez.
frg/pn-mic/sab
08/11/03 17:22