Justice Les membres d'Action directe en prison depuis 17 ans
http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-02-20/2004-02-20-388487
Justice Les membres d'Action directe en prison
depuis 17 ans
Demain,cela fera dix-sept ans qu'ils ont été arrêtés. Jean-Marc Rouillan,Nathalie
Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani ont été condamnés àperpétuité,
assortie d'une peine de sûreté de 18 ans pour lesassassinats du général René
Audran, inspecteur général de l'armement,abattu le 26 janvier 1985, et de celui
du patron de Renault, GeorgesBesse, tombé sous les balles le 17 novembre en
1986. Meurtresrevendiqués au nom de " la lutte contre l'impérialisme " par
Actiondirecte (AD). Depuis leur interpellation, l'État a utilisé ou mis enplace
un ensemble de mesures visant à les détruire, et qui s'apparenteà un processus
planifié de destruction physique et mentale, dénonceleur comité de soutien.
Conséquence d'années d'isolement total, lesétats de santé de Georges Cipriani et
de Nathalie Ménigon sont plusqu'alarmants.
En août 2001, Georges Cipriani a, ainsi, été transféréde la centrale d'Ensisheim
à l'hôpital psychiatrique de Sarregueminesdans une " unité pour malades
difficiles " qui reçoit les prisonniersdont l'état mental est incompatible avec
le maintien en détention. "Soigné ", il serait au moins sorti de sa folie. Quant
à NathalieMénigon, aujourd'hui partiellement hémiplégique après deux
accidentsvasculaires cérébraux, du fond de sa cellule de la prison de Bapaume(où
est également incarcérée Joëlle Aubron), elle attend de bénéficierde la loi du 4
mars 2002 sur la possibilité de suspension de peine,pour raison de santé. Ces
quelques espoirs de sortie résident dans cetexte qui a permis à Maurice Papon,
reconnu coupable de complicité decrimes contre l'humanité, de quitter la prison
de la Santé en septembre2002. À charge de la juridiction régionale de libération
conditionnellede Douai (Nord) de statuer, le 26 mars prochain.
Statut de " détenu particulièrement surveillé " (DPS),visites ultra-limitées,
courriers par le menu disséqués... Aucune desreprésailles du monde carcéral ne
leur aura été épargnée. Représaillescontre lesquelles les grèves de la faim
furent une réponse. À l'imaged'un Jean-Marc Rouillan, actuellement en détention
à la centrale deMoulins-Yzeure (la plus sécurisée d'Europe) après avoir été
transféréde sa cellule d'Arles, inondée en décembre dernier. Dans un an,
leurpeine de sûreté touchant à sa fin, ils auront la possibilité d'utiliserdes
recours juridiques afin d'accéder à une libération conditionnelle.Reste à savoir
si la vengeance d'État n'est pas, elle, imprescriptible.
S. B.