Justice Les membres d'Action directe en prison depuis 17 ans

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Justice Les membres d'Action directe en prison depuis 17 ans

Demain,cela fera dix-sept ans qu'ils ont été arrêtés. Jean-Marc Rouillan,Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani ont été condamnés àperpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 18 ans pour lesassassinats du général René Audran, inspecteur général de l'armement,abattu le 26 janvier 1985, et de celui du patron de Renault, GeorgesBesse, tombé sous les balles le 17 novembre en 1986. Meurtresrevendiqués au nom de " la lutte contre l'impérialisme " par Actiondirecte (AD). Depuis leur interpellation, l'État a utilisé ou mis enplace un ensemble de mesures visant à les détruire, et qui s'apparenteà un processus planifié de destruction physique et mentale, dénonceleur comité de soutien. Conséquence d'années d'isolement total, lesétats de santé de Georges Cipriani et de Nathalie Ménigon sont plusqu'alarmants.

En août 2001, Georges Cipriani a, ainsi, été transféréde la centrale d'Ensisheim à l'hôpital psychiatrique de Sarregueminesdans une " unité pour malades difficiles " qui reçoit les prisonniersdont l'état mental est incompatible avec le maintien en détention. "Soigné ", il serait au moins sorti de sa folie. Quant à NathalieMénigon, aujourd'hui partiellement hémiplégique après deux accidentsvasculaires cérébraux, du fond de sa cellule de la prison de Bapaume(où est également incarcérée Joëlle Aubron), elle attend de bénéficierde la loi du 4 mars 2002 sur la possibilité de suspension de peine,pour raison de santé. Ces quelques espoirs de sortie résident dans cetexte qui a permis à Maurice Papon, reconnu coupable de complicité decrimes contre l'humanité, de quitter la prison de la Santé en septembre2002. À charge de la juridiction régionale de libération conditionnellede Douai (Nord) de statuer, le 26 mars prochain.

Statut de " détenu particulièrement surveillé " (DPS),visites ultra-limitées, courriers par le menu disséqués... Aucune desreprésailles du monde carcéral ne leur aura été épargnée. Représaillescontre lesquelles les grèves de la faim furent une réponse. À l'imaged'un Jean-Marc Rouillan, actuellement en détention à la centrale deMoulins-Yzeure (la plus sécurisée d'Europe) après avoir été transféréde sa cellule d'Arles, inondée en décembre dernier. Dans un an, leurpeine de sûreté touchant à sa fin, ils auront la possibilité d'utiliserdes recours juridiques afin d'accéder à une libération conditionnelle.Reste à savoir si la vengeance d'État n'est pas, elle, imprescriptible.

S. B.