3 questions à Me Vincent Omez, avocat de Gaël Roblin
La défense va plaider
contre une détention provisoire "exceptionnelle" (TROIS QUESTIONS A)
RENNES, 27 fév (AFP) - Me Vincent Omez, avocat de Gaël Roblin, l'un des onze
militants bretons jugés à partir de lundi devant la cour d'assises spéciale de
Paris, entend plaider contre la durée "exceptionnelle" de la détention
provisoire infligée à son client.
Question: Estimez-vous que ce dossier est suffisamment fondé pour
déboucher sur un tel procès ?
Réponse: L'instruction a duré plus de deux ans et des investigations très
fournies ont été réalisées un peu dans tous les domaines. Ce serait dire une
ânerie que de prétendre que rien n'a été fait. En revanche, en droit, il y a un
vrai problème. D'une part, on a un auteur ou des auteurs qui n'ont pas été
identifiés lors de l'instruction. Et Gaël Roblin, comme la plupart des gens qui
sont impliqués au plus haut degré dans cette histoire, n'est poursuivi que pour
complicité. Or rien dans le dossier, à aucun moment, ne fait apparaître que mon
client, premièrement aurait appartenu à l'ARB (Armée révolutionnaire bretonne),
deuxièmement aurait désigné des cibles à qui ce soit. En ce qui me concerne, je
plaiderai donc l'acquittement.
Q: Gaël Roblin a effectué trois ans et 300 jours de détention provisoire
avant d'être jugé. Vous allez plaider contre une telle durée ?
R: Nous sommes effectivement face à une détention provisoire tout à fait
exceptionnelle. Je n'ai pas connaissance de cas de détentions aussi longues
avant une comparution devant une cour d'assises. Evidemment, cela va être
plaidé. Le parquet avait considéré à une époque que les charges pesant sur Gaël
Roblin étaient seulement délictuelles: il aurait dû alors ressortir au bout de
deux ans et quatre mois au maximum.
Q: Considérez-vous que la cour d'assises spéciale est une juridiction
d'exception qui ne dit pas son nom ?
R: En tant qu'avocat, je considère que oui. Maintenant, à l'époque où
elle a été créée, le Conseil constitutionnel, qui avait été saisi, avait
considéré qu'elle ne l'était pas. Le droit en matière dite terroriste est un
droit exorbitant du droit commun, qui accorde des pouvoirs supérieurs aux
services de police et de gendarmerie, qui accorde des mesures de contrainte
particulière dans le cadre de l'enquête et qui ensuite prévoit une
centralisation à Paris du procès. Je ne peux considérer que M. Roblin ait été
traité comme un mis en examen de droit commun, cela n'a jamais été le cas. Mais
la cour d'assises spéciale existe, c'est un fait, et je ne suis pas là pour
faire un procès politique.
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27/02/04 08:16