L'ARB a restitué des explosifs de Plévin en sa possession mardi 28 novembre 2000

 

RENNES (AFP) - La police a confirmé l'annonce mardi par l'Armée révolutionnaire bretonne (ARB) de la restitution des explosifs que l'organisation détenait depuis le vol de Plévin (Côtes-d'Armor), fin septembre 1999. De source policière, on précise que 98,2 kilos de dynamite ont été restitués ainsi que 440 détonateurs et un dispositif technique utilisé dans les carrières et permettant une triple mise à feu.

Cette restitution, a expliqué l'ARB dans un communiqué reçu par l'AFP, a été effectuée "dans un souci d'apaisement et de détente du climat politique en Bretagne et afin que cesse la répression envers le mouvement breton". Des dizaines de militants ou proches de militants ont été interpellés dans le cadre de cette affaire pour laquelle quatre personnes sont toujours en détention préventive depuis l'automne 1999.

Cette opération de restitution a été pilotée par le juge anti-terroriste Gilbert Thiel, a-t-on appris de source proche du mouvement breton.

L'opération s'est déroulée vendredi dernier à Perret, non loin de Gouarec (Côtes-d'Armor), en plein centre-Bretagne, à quelques dizaines de kilomètres du lieu où les explosifs avaient été volés un an plus tôt dans l'entrepôt de la société Titanite SA, a-t-on indiqué de même source.

Environ 8,350 tonnes de dynamite industrielle, ainsi que divers types de détonateurs et des cordeaux détonants, avaient été dérobés à Plévin par un commando composé, selon la police, de membres de l'organisation indépendantiste basque ETA qui avait reçu l'assistance logistique de militants bretons.

Trois tonnes avaient rapidement été retrouvés près de Pontivy (Morbihan) dans une fourgonnette abandonnée, ainsi qu'environ 2,5 tonnes au même moment à Idron, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques).

L'essentiel des quelque trois tonnes restantes avait été emmené par l'ETA qui aurait, depuis cette date, utilisé ces explosifs à plusieurs reprises lors d'attentats mortels commis en Espagne.

De son côté, après le vol de Plévin, l'ARB, dont la ligne de conduite a toujours été - contrairement à l'ETA - de ne pas attenter à la vie d'autrui, a revendiqué une quinzaine d'attentats, dont un ayant fait un blessé contre la Trésorerie de Callac (Côtes-d'Armor) en décembre 1999.

En revanche, l'organisation clandestine bretonne n'a jamais revendiqué l'attentat contre le restaurant McDonald's de Quévert (Côtes-d'Armor), le 19 avril 2000, au cours duquel une jeune employée du restaurant avait trouvé la mort. A ce jour, cet attentat - qui, selon la police, a été commis avec des explosifs provenant de Plévin - n'a été ni revendiqué, ni élucidé en dépit de la mise en examen, dans le cadre de cette affaire, d'une dizaine de militants bretons dont quatre sont également en préventive.

Dans son communiqué non daté, l'ARB prend soin de préciser: "Nous dénions toute responsabilité dans toute action éventuelle pouvant survenir et impliquant le matériel ci-dessus (NDLR: les explosifs restitués)". Une personne a trouvé la mort vendredi à La Baule (Loire-Atlantique) dans un attentat pour lequel les enquêteurs semblent privilégier la piste locale ou la vengeance personnelle.

De source proche du mouvement breton, on laisse entendre que cette restitution entre dans le cadre d'une négociation plus globale avec le pôle anti-terroriste du parquet de Paris. Et ce, d'autant plus, assure-t-on, que les dossiers de plusieurs personnes mises en examen dans ces différentes affaires sont "plus que légers, voire vides".

Peu après l'annonce de la restitution, la coordination anti-répressive de Bretagne (CARB) a réclamé "la libération des quatre militants bretons détenus dans l'affaire de Plévin".

 

AFP - 28/11/2000

 17h48 heure de Paris