Prison de la Santé : le pavé dans la mare

Article de "L'Humanité" du 17 janvier 2000

 

Prison de la Santé : le pavé dans la mare

Souvent fustigée pour sa lenteur et son manque de transparence, l'administration pénitentiaire a été particulièrement prompte à réagir à la publication, dans l'édition du Monde de vendredi, d'un extrait du prochain livre de Véronique Vasseur sur les soins médicaux pratiqués à la prison de la Santé à Paris. Dans un témoignage fleuve, cette chef du service de consultation et de soins ambulatoires de la prison de la Santé décrit un monde inimaginable où, confinés parmi les cafards, la vermine et les rats, les détenus sont quotidiennement soumis aux trafics, violences et chantages de toutes sortes. Samedi, l'administration pénitentiaire a invité plusieurs dizaines de journalistes, photographes et cameramen, à une visite de la prison. Objectif : souligner les améliorations apportées au fonctionnement de l'établissement, vieux de 150 ans. Ainsi a-t-on appris que les matelas sont renouvelés tous les trois ans ; aucun détenu ne circule plus entravé et les travestis ont tous été transférés.

Depuis 1995, l'administration de la santé et des soins dans les prisons, qui relevait auparavant du ministère de la justice, a rejoint le secteur de la Santé publique. Chaque établissement est désormais doté d'un service qui dépend de l'hôpital le plus proche. Selon le docteur Hugues d'Auddifrey, un collègue de Véronique Vasseur, la pathologie en prison est " fabuleuse " : dermatoses pour 100 % des détenus, hypertensions, automutilations, sexualités inassouvies. Payé 800 francs pour 24 heures de garde au cours desquelles il a la responsabilité des 1 200 détenus, ce praticien a profité de l'occasion pour expliquer que le " mitard ", la cellule d'isolement, principale menace pour les détenus, n'est peut-être pas " la solution ". Interrogée à propos de son retour lundi à la maison d'arrêt de la Santé, Véronique Vasseur a reconnu une petite " appréhension ".

E.F.