Communiqué de la CNT

Communiqué de la Confédération Nationale du Travail .
(document diffusé par la Coordination Anti-Répressive de Bretagne )

La CNT apporte son soutien à Alain Solé et rappelle la situation dramatique que vivent dans les prisons françaises de nombreux détenus.

L'ordre pénitentiaire et judiciaire est particulièrement attentif à ce que les militants,
quelle que soit la nature de leur engagement dans la vie publique, soient traités avec la plus grande violence : alors même que certains d’entre eux, malades, devraient bénéficier de la loi Kouchner, l’Etat leur refuse ce droit. C’est le cas d’Alain Solé, militant breton qui a déjà laissé sa santé dans nos prisons au cours des quatre années de détention préventive qu’il a endurées. Aujourd’hui gravement malade, condamné à six ans de prison pour des faits qu’il a toujours niés, il était libérable le 12 juillet sur décision du juge d’application des peines. Le parquet a fait appel…
Nous n’oublions pas Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan, militants d’Action Directe emprisonnés depuis de longues années, gravement malades et victimes du même traitement de défaveur.
Depuis longtemps déjà Maurice Papon, zélé fonctionnaire reconnu coupable de complicité de crime contre l'humanité a bénéficié de la loi Kouchner. Il coule des jours tranquilles chez lui, protégé par son milieu. D'autres comme Loïck Le Floch-Prigent, après un court passage dans les quartiers VIP en ont également bénéficié. Deux poids, deux mesures, c'est là l'effet de la justice de classe, la même qui, alimentée par le délire de résultat initié par Nicolas Sarkozy, entasse dans les prisons des gens qui n'ont rien à y faire: voleurs de pommes (3850 détenus pour vol simple*), coupeurs de shit en quatre (4127 détenus pour infraction à la législation sur les stupéfiants*), ou exilés en quête d'avenir (870 détenus pour défaut de papiers*) etc.. La plupart victimes d'un système économique et social qui ne leur laisse guère le choix.
Ce n'est pas un hasard si les prisons débordent au moment même où les travailleurs sont de plus en plus menacés par l'offensive patronale (après la casse des retraites, celle de la sécurité sociale, du salaire minimum avec le RMA..). La prison sert aussi à réprimer les luttes sociales: en avril 2004, treize grévistes de l'UGT Guadeloupe sont condamnés à 27 mois de prison ferme et 75 mois de sursis, en juin les grévistes d’EDF sont menacés d’emprisonnement…
Même la solidarité de classe est devenue un délit: Jean Claude Lenoir et Charles Frammezelle du collectif C'SUR qui apporte aux migrants arrivés en masse sur Calais nourriture, soins et vêtements, seront jugés dans les jours qui viennent par le tribunal de Boulogne-sur-mer pour "aide au séjour à personne en situation irrégulière en bande organisée" !...
Nous refusons que tous les systèmes solidaires établis de haute lutte par et pour la classe ouvrière soient livrés aux plus forts qui n'existent qu'en multipliant les plus faibles.
A la CNT, nous pensons que c'est le devoir d'un syndicat d'organiser les conditions qui permettront de construire la seule arme des travailleurs: la grève générale!
Contre cette justice haineuse qui sélectionne les bons et les mauvais sujets, exigeons la libération immédiate de tou(te)s celles et ceux qui n'ont rien à faire en prison!

* chiffres de l'année 2003, extraits du Rapport Valérie Pecresse, Assemblée Nationale, avis n°115 octobre 2003